Trente mains dans le pétrin
Aujourd’hui, nous sommes quinze à travailler au Pain des Cairns. Notre espace de production est particulièrement vaste, et s’articule autour d’un tour (nom donné à la table de travail, en boulangerie) à roulettes. D’années en années, nous avons amélioré le fournil pour en faire un espace dans lequel nous pouvons travailler ensemble, dans une ambiance chaleureuse et sans détruire notre santé.
En boulangerie, une grande partie du travail consiste à diviser la pâte et à la façonner. Chez nous, pas de division ni de façonnage : nous installons la pâte dans des bacs de 12 kilos, effectuons deux rabats durant la fermentation et la découpons avant de l’enfourner. C’est ce qui donne à nos pains leurs formes singulières. Notre espace de vente a été conçu pour être accessible à toutes et tous. Il n’y pas de seuil et les caisses sont surbaissées. L’ensemble de notre gamme est vendue au poids, grâce à deux balances connectées.
Tous les meubles sont montés sur roulettes, ce qui nous permet de faire le ménage chaque après-midi sans souci. Il est rare que nous ayons des invendus, d’abord parce que la boulangerie rencontre un franc succès, mais aussi grâce à des prévisions calibrées en fonction des ventes des dernières semaines. S’il reste quelque chose, nous le proposons à différentes structures du quartier, comme aux centres sociaux autogérés ou aux Restos du Cœur.
Chaque jour, en milieu d’après-midi, le fournil est nettoyé de fond en comble. Nous utilisons un nettoyeur haute pression, de l’huile de coude et du savon noir. Hors de question d’utiliser des produits chimiques qui viendraient ruiner la démarche écologique que nous essayons d’avoir par ailleurs.
Pièce maîtresse de notre fournil, le tour est notre grande table de travail. C’est ici que nous travaillons les pâtes, que nous façonnons les brioches, que nous divisons les Cracairns, que nous mangeons, que nous nous réunissons… Construit sur-mesure, nous l’huilons et le rabotons soigneusement chaque année, en début d’été.
Nous utilisons des pétrins à bras plongeants fabriqués par Salva, une entreprise italienne. Ces machines nous permettent de ne pas pétrir à la main, mais imitent du mieux possible le mouvement des bras d’un humain : le pétrissage lent évite aux pâtes de chauffer et contribue à leur oxygénation. Un batteur est aussi à notre service pour mélanger les petites quantités de pâtes, comme celle du pain aux farines sans gluten.
Nous cuisons nos pains dans notre nouveau four électrique de marque Tagliavini. Il dispose de quatre espaces de cuisson dont la température est réglable de manière indépendante. Chaque espace de cuisson compte deux voies d’enfournement. Nous pouvons ainsi cuire 290 kilos de pâte en une heure.
Nos méthodes de production ne pourraient pas fonctionner sans nos chambres de pousse. Imaginez trois énormes frigos, deux étant réglés autour de 3°C et le dernier à 24°C. Ces trois chambres programmables nous permettent de maîtriser à la perfection le développement de nos pâtes, et donc de réguler notre rythme de travail.
En semaine, nous travaillons trois à quatre jours. A cela s’ajoute un samedi travaillé par mois et un dimanche sur onze pour préparer nos levains. Nous disposons tou·te·s d’un jour libre par semaine, ce qui nous permet de faire tout plein de trucs à côté de notre travail.
Anouk
Myriam
Ambre
Pierre
Mahamé
Tom
Etienne
Marine
Victor
Mariette
Hugo
Gabrielle
Célia
& Cécile et Thomas !
Nous ne lésinons pas sur le chéquier quand il s’agit de notre confort de travail. Des diables de transport et autres structures roulantes nous évitent de porter les charges lourdes, des masques nous protègent de la farine et un acousticien nous a filé des conseils pour protéger nos mignonnes oreilles avec l’installation entre autre d’un faux plafond accoustique.
Nous refusons catégoriquement de travailler la nuit. Les journées sont grosso modo composées de trois plages horaires : 7:30-15:00, 10:00-18:00 et 13:00-19:30. Les plannings sont revus chaque année et composés en fonction des souhaits des un·e·s et des autres.
Pas de cachotteries. Excepté les boîtes mails personnelles, l’ensemble des données de la boulangerie sont accessibles à celles et ceux qui y travaillent. Vérifier les comptes ? Jeter un œil aux commandes de farines ? Voir les résultats financiers de la veille ? Modifier les recettes ? C’est possible.
Rien de plus ennuyeux que de recommencer chaque jour les mêmes tâches. Nous nous forçons à ne pas répéter chaque jour la même chose: vous l’avez remarqué, vous n’avez jamais affaire aux mêmes membres de l’équipe. Ce n’est pas un hasard.
Ce site a été façonné par nos petites mains entre 2021 et 2024.